La-Femme (Elizabeth Holmes) – On se posait la question à l’époque. De quel groupe sanguin était composée Elizabeth Holmes pour avoir ce génie ?
Valorisée à 9 milliards de dollars en 2015, la société Theranos dirigée par la jeune femme de 32 ans ne vaudrait aujourd’hui que 800 millions de dollars. Une chute vertigineuse qui interroge sur la pertinence du modèle économique des start-up dans la Silicon Valley.
C’était il y a un an, lorsque le magazine Forbes, spécialiste de l’estimation de fortune en tous genres, la classait dans le top 6 des milliardaires américains de moins de 40 ans. Il se disait qu’elle était la plus jeune et la plus riche « Self-made women » des États-Unis.
Son parcours était idyllique. C’était une femme riche et non héritière. Sa société Theranos, jouissait d’une réputation de bienfaitrice : elle voulait faciliter, grâce à la technologie, les tests sanguins. On comptait plus de 240 types d’essais. Du cholestérol au cancer. Theranos devait révolutionner le monde du laboratoire en réalisant des tests sanguins à partir d’une simple piqûre sur le doigt.
- Après une nouvelle estimation du patrimoine financier de la jeune femme, Forbes surprend.
- Et de découvrir que ce n’est pas une période faste pour la PDG. Pire, c’est le néant.
- La fortune d’Elizabeth Holmes atteint désormais la somme de zéro selon le magazine.
Fiabilité des tests
Certes, les contrariétés ne sont pas rares dans le milieu de l’entreprise, y compris au sein des jeunes pousses de la Silicon Valley, mais quand même : perdre des milliards en un an, il fallait que Forbes ait une sacrée raison. Elizabeth Holmes jouissait d’une entreprise valorisée à 9 milliards de dollars et d’une bonne aura médiatique.
Jusqu’à ce que les soupçons s’accumulent autour de la compagnie, notamment via plusieurs enquêtes du Wall Street Journal. La technologie développée par Holmes semble bien trop belle, bien peu chère. La fiabilité des tests sont dès lors remis en question. Le quotidien économique américain interroge deux employés qui accusent la société d’avoir effacé des données pouvant remettre en cause la pertinence de la méthode de prélèvement. Plusieurs agences de santé mènent l’enquête. Le département américain dénonce des pratiques dangereuses pour les patients.
Notre estimation était fondée sur les 50 % des parts de Theranos qu’elle possède
Après les révélations du Wall Street Journal, Theranos supprime une phrase sur son site internet qui précisait que ses tests «ne nécessitent que quelques gouttes de sang ». Preuve d’un certain malaise.
Soupçons et dévalorisation
Face à ses nombreux soupçons, c’est au tour de la SEC, de lancer une enquête en avril dernie r. L’estocade pour Holmes. Elle est accusée d’avoir fait miroiter une révolution aux investisseurs en présentant une technologie pas forcément novatrice. Il faut dire que la valorisation de Theranos a été fulgurante. Depuis son lancement en 2003, la société a réalisé huit tours de table dont la dernière – en private equity – de 348,5 millions en mars 2015.
Ce sont ces atermoiements qui expliquent la nouvelle estimation du patrimoine de la PDG. « Notre estimation de la fortune d’Elizabeth Holmes était fondée sur les 50% des parts de Theranos qu’elle possède », a indiqué Forbes pour justifier la baisse.
Le magazine a interrogé une douzaine de sociétés de capital-risque, des analystes et des experts de l’industrie des biotechs, et a conclu que la valorisation de Theranos devrait plutôt se situer autour de 800 millions de dollars , au lieu des 9 milliards annoncés lors du dernier tour de table. Ces milliards n’étant basés que sur « les meilleures hypothèses des investisseurs », dit The New York Times . Et pour Forbes, les 50% de Holmes ne valent donc rien. Car, même si elle possède bien la moitié de la compagnie, une grande partie de cette valeur ne proviendrait que d’investisseurs extérieurs.
Face à l’article décrivant la chute de Holmes, Theranos se débat. La société, étant une compagnie privée, refuse « de partager des informations confidentielles avec Forbes (…) L’article du magazine ne se base donc que sur des spéculations et des articles de presse », précise-t-elle dans un communiqué. Pour autant, si l’enquête de la SEC aboutissait, la sanction irait bien au-delà de la mauvaise presse. Holmes pourrait ne plus travailler dans le secteur des biotechs.