Que cache la Burka ? Une ontologie sexuellement moniste, des valeurs, ou un projet de société ?

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  • Tribune libre de Sanekli Monia
  • Professeure agrégée chercheuse en philosophie

Tunisie (réflexions / burka) – depuis le temps où le débat s’est déclenché à propos de la burka, les arguments affluaient, mais demeuraient dans la limite du débat sur la laïcité. Or la Burka (ou burqua ou encore voile intégrale !) dans sa réalité culturelle et interculturelle transcende le simple fait divers du conflit politique et religieux.

La burka véhicule en fait des pulsions généalogiques, des valeurs de genres et des significations sublimatoires typiques. La burka n’est pas un simple habit, c’est une ontologie qui porte et transmet un système de valeurs, un mode de vie, un projet de société et une résolution de conquête.

Porter la burka au 7eme siècle n’a ni le même sens ni le même dessein que la porter au 21eme siècle. Le port de la burka dévie de son but originaire, ce n’est pas pour des exigences morales ou esthétiques que ceux qui la choisissent et ceux qui l’exigent l’adoptent au 21eme siècle mais pour des fins politiques de conquêtes et d’envahissement.

Aucune femme n’est assez pure et chaste pour prétendre à la vertu supposée de la burka et aucun homme n’est aussi sexuellement animal et affamé pour s’exciter juste à la vue de cheveux ou ne pas pouvoir réprimer ses ardeurs et sauter instinctivement sur de simple corps de femmes.

La burka fait partie des stratèges du siècle pour la conquête et l’extension territoriale et culturelle et n’a, en aucun cas une raison morale ou esthétique.

Une attention particulière et une observation précise nous dévoileraient la phénoménologie de la burka.

Ses présupposés :

La femme serait-elle un organe ?

C’est le plus indécent et le plus immoral des présupposés et qui ne diffère en rien des présupposés de toute prostitution ou industrialisation sexuelle, la femme est discréditée dans son être, disqualifiée, rabaissée, dévaluée jusqu’à un niveau encore moindre que l’animal. L’animal de par sa nature ne se résume pas à un organe, tout comme l’être humain, il est un tout, une unité, une totalité d’organes et de besoins. Quand on réduit un vivant à une partie consommable de son corps, il perd non seulement la spécificité de son être, son partie consommable de son corps,.

On a l’impression que la porteuse de la burka n’a ni Cœur, ni cerveau, ni poumons, etc. La porteuse de la Burka est un vagin et rien qu’un vagin et le reste du tout est aussi considéré à travers le vagin, elle n’est même pas un ensemble d’organes, mais un amas de viandes à consommer la porteuse de la Burka est un néant d’être qui porte un exemple de féminité primitive et dégénérée et une ontologie sexuellement moniste, qui détruit la dualité de la vie et la contradiction du vivant pour en faire un monde de masculins, décideurs, preneurs, consommateurs, dominateurs, violeurs et la femme n’est qu’un objet parmi une infinité d’objets possible.

Un monde fantasmagorique

Ce monde sexuellement moniste ne serait pas possible, étant donné qu’il n’est pas réel. C’est plutôt un monde fantasmagorique qui rend l’existence de la femme elle-même une menace à ce monde illusoire et psychique. Quand la femme existe, la burka est le meilleur moyen pour la rendre absente, inexistante « cachez cet être que je ne veux voir”, Cacher et au-delà de sous-estimer et rabaisser c’est aussi et fondamentalement nier. Nier la féminité et la réduire a une fonction ou un organe émane de la peur de la dualité originaire de l’être et l’angoisse de savoir que l’être n’est pas un, mais deux, la peur de la contradiction qui nous renvoie à l’autre et de l’être qui n’est pas unique et moniste, mais dualiste et diffèrent, originairement masculin/féminin.

L’être émane de la fertilité de la conjugaison du féminin et masculin qui donne acte a la vie, cet être réel est une menace au vouloir profond de l’homme sexuellement moniste, nier, cacher, extirper le féminin revient à installer une ontologie de l’unique, l’exclusif et l’uniforme. Extraire la féminité de l’être pour le rendre moniste passe par la burka, car la burka ne renseigne sur rien, on ne sait pas ce qui est dedans. Cacher intégralement le corps de la femme c’est essentiellement un déni de la féminité. Dans certaines anciennes civilisations, la femme est sacralisée et divinisée, la burka est une diabolisation de la femme et une falsification de l’être, la femme devient un simple organe et l’être devient uniformément masculin.

La femme serait-elle malsaine ou un pêché ?

La femme est un organe génital, la femme est un pêché, elle symbolise la sexualité, or la sexualité est malsaine, donc la femme est malsaine.

La femme doit porter la burka parce qu’elle est un pêché, sous-entendu que l’homme ne l’est pas, il n’est pas question ici de pêché original, mais spécifiquement féminin. La féminité est non seulement niée mais salie, souillée, avilie, elle est impureté, ignominie, faute. La femme devient l’exutoire et la soupape a tous les maux et les viletés de l’être.

Certains hommes posent la femme comme cause pour fuir la responsabilité de sa propre causalité.

L’homme projette sur la femme, ses incapacités, ses impuissances, ses impuretés, ses manies, ses vices, ses perversions pour s’en débarrasser. La cacher avec une burka c’est aussi pour ne pas se voir lui-même ou pour fuir ses sensations, ses sentiments, soit de désir soit de ressentiments vis avis de la féminité. Il se met dans la tête que ses désirs et ses sentiments sont provoqués par la femme, ce qu’il évite de voir, c’est que ses affections et ses fantasmes lui sont propres et émanent de ses profondes pulsions et n’émanent pas de la femme. Il pose la femme comme cause pour fuir la responsabilité de sa propre causalité.

« La femme est un pêché, donc je suis la pureté » et en se considérant pureté, il oublie ses vélites. La burka est l’exutoire et le sinapisme de l’homme. La burka installe un rapport de pouvoir de l’homme faible et uniforme signifié par le déni de la féminité et la désinvolture de soi. La femme devient le bouc émissaire de l’homme faible et irresponsable qui hors la femme, n’a aucune autre possibilité ou capacité pour s’affirmer, c’est ce qui fait que seul l’homme ordinaire et plébéien s’y attache.

La burka pour quelles fonctions ?

Tromper :

la burka est une astuce et un stratagème de tromperie. On trompe l’autre sur ce qu’on est, qui on est, et ce qu’on veut réellement.

La burka permet de tromper, car la burquée est insoupçonnable,non identifiable, en dehors du doute, indéchiffrable. Ce masque de la tromperie et de la non-transparence dépasse l’agir de la morale sexuelle en un agir globale, car dès le moment qu’on porte la burka toute sorte de déviations deviennent possible, du mensonge, au vol,au crime et toutes les extravagances de délinquances deviennent accessibles. La burquée, ou le burqué jouis d’un préjugé favorable lié à l’inconscient collectif de la vertu religieuse.

À partir d’un habit ordinaire, on peut intuitionner approximativement la différence entre les individus. On peut reconnaitre le profil psychologique, social ou moral de tout chacun et décider des différentes interconnections possibles, avec la Burka on voile tout, pas seulement le physique, mais essentiellement le psychique et la morale. Vous ne pouvez jamais deviner qui est sous la burka et pas seulement quoi. Les rapports humains sont généralement basés sur la sympathie ou la première impression assimilée à travers les signes du visage la gestuelle, et la posture. La rencontre avec la burka est pure tromperie, car elle masque tout, soit le visage, soit la gestuelle, soit la posture, c’est une dénégation de l’autre dans le confort de l’observateur non observé.

Cacher :

mais ce serait évident que la burka cache, mais ce qui n’est pas évident, c’est que veut cacher la burka. Au-delà des prétentions de vertus sexuelles et derrière la volonté de cacher le corps qui est en réalité neutre et anonyme on veut déguiser les vices en vertus, les malaises et les angoisses en valeurs morales, le désir de prédation en volonté angélique. En plus clair la burquée et ses prédicateurs donnent à leurs obsessions sexuelles,leur fixation perverse, leurs vélites, le nom de vertus, ils veulent donner à leur excès, et leurs paniques et leur angoisse le nom de morale, ils veulent donner à leur chasse de proies et victime le nom d’angélisme vertueux.

La burka cache certainement, mais pas autant le corps que leur pêche au corps qui n’est que pêche de domination. Dominer un individu c’est lui ôter le contrôle sur son corps. Les prédicateurs de la burka veulent s’emparer du corps de la féminité afin de le controller et contrôler toute la société avec, ceci est donc ce que cache vraiment la burka, c’est la volonté de prédations de ses prédicateurs. La burka installe l’uniformité masculine, la prédation des corps et la falsification des systèmes de valeurs et des modes de vie.

Agresser :

par un superbe paradoxe la burka exhibe en cachant.il y a de l’exhibitionnisme manifeste dans le port de la burka, exhiber une religion, exhiber une apparence de morale , exhiber un érotisme malsain, exhiber soi-même, exhiber une attitude agressive vis-à-vis de l’autre en se plaçant dans la position de l’observateur non observé, et “je te vois, tu ne me vois pas “ je peux Controller tes réactions, tu ne peux pas controller mes réactions’’ “je te connais , tu ne me connais pas ‘’ “je sais qui tu es , tu ne sais pas qui je suis “ “je reconnais ton visage , tu ne reconnais pas le mien “ “tu es à ma portée , je ne suis pas à ta portée” . Le port de la burka exprime une violence morale extrême vis-à-vis de l’autre.

La burka utilisée à des fins avouables et non avouables et surtout une vraie stratègie de domination et de conquête

La burka renvoie à des fins prononcées et des fins non prononcées, des fins manifestes et d’autres déguisées , elle est le symbole du double discours et l’illustration parfaite de la « takkiya ». La busquée chaste et vertueuse de prêche et d’apparence est cependant disponible et prête a toutes les extravagances sexuelles, de différentes sortes de mariages illicites , de la prostitution , proxénétisme , vente et achat de petites filles, jihad ennikeh, ou la lutte par la baise. Les fins prononcées sont dites pour ne pas être faites et en réalité elles sont prêchées uniquement pour cacher et déguiser les fins non prononcées. On prêche la vertu pour mieux exercer le vice. Tout est possible sous la burka.

Ce décalage entre le dit et le non-dit, l’apparence et la réalité, le mensonge et la vérité n’est pas caché. Tout observateur bien averti surtout avec l’avènement du printemps arabe peut facilement déceler cet énorme décalage, tout lecteur assidu des textes et des faits historiques peut facilement noter ce décalage où voient de très près l’obscénité morale et les perversions sexuelles concomitantes au port de la Burka. La Burka est une perversion morale relevant de l’obscénité et dénotant au-delà de l’apparence une tendance à tout pervertir sur son passage, la morale, le psychique, le social et le politique.

C’est une vraie stratégie de domination et de conquête.