La Femme (défaut de paiement) – Les Etats-Unis ont atteint jeudi le plafond de l’endettement public. Une limite qui oblige le ministère américain des Finances à prendre des mesures d’économies pour assurer le paiement de ses engagements financiers. Alors que le défaut de paiement est une épée de Damoclès, l’administration Biden et la nouvelle majorité républicaine à la Chambre des représentants s’affrontent pour planifier une baisse de la dépense publique et des impôts. Et aucun des deux camps ne veut pour l’heure reculer sur ses positions.
Les Etats-Unis vont-ils réussir, une nouvelle fois, à éviter le défaut de paiement ? Tandis qu’outre-Atlantique la question de la dette publique est un débat national, les négociations entre les parlementaires et l’administration Biden vont bon train pour tenter de trouver une solution. Vendredi, les Etats-Unis ont en effet atteint leur plafond d’endettement, fixé par le Congrès à plus de 31.000 milliards de dollars et pour l’heure les élus n’ont pas su se mettre d’accord sur une hausse ou une suspension du plafond.
Pour tenter d’infléchir la position des élus conservateurs qui prônent le sérieux budgétaire et la maîtrise des dépenses, la Maison Blanche a confirmé vendredi soir la tenue prochaine d’un entretien entre le président Joe Biden et le chef républicain Kevin McCarthy.
L’enjeu est majeur. Un défaut de paiement des Etats-Unis aurait non seulement des conséquences sur le fonctionnement des services publics du pays, mais aussi, en tant que première économie, sur le reste du monde.
Des répercussions sur l’emploi
Aussi, la ministre américaine des Finances, Janet Yellen, interrogée sur CNN a mis en garde vendredi :
En cas de défaut américain, « nos coûts d’emprunt augmenteraient et chaque Américain verrait les siens suivre la même tendance ».
« Mais plus encore, l’incapacité à réaliser un paiement, qu’il s’agisse de nos obligations en matière de dette, vers les bénéficiaires des dépenses sociales ou nos militaires, provoquerait à coup sûr une récession aux Etats-Unis et pourrait entraîner une crise financière mondiale », a assuré Mme Yellen.
En soit, cet événement n’a rien d’exceptionnel puisque ce plafond a fait l’objet d’une intervention législative à 79 reprises depuis 1960.
La limite actuelle, de 31.381 milliards de dollars, avait été fixée par le Congrès en décembre 2021, à l’issue de discussions tendues.
« Cela porterait sans aucun doute atteinte au rôle du dollar en tant que monnaie de réserve utilisée dans les transactions partout dans le monde. Beaucoup d’Américains perdraient leur travail », a-t-elle insisté.
La secrétaire au Trésor s’exprimait depuis Dakar (Sénégal), où elle débutait un voyage d’une dizaine de jours sur le continent africain, qui passera également par la Zambie et l’Afrique du Sud.
Mais la majorité républicaine à la Chambre de représentants veut profiter de ce sujet pour faire pression sur les démocrates afin de baisser un certain nombre de dépenses, notamment celles résultant des programmes mis en place depuis le début du mandat du président Joe Biden, ainsi que les impôts.
Les emprunts de l’Etat menacés
Avec le plafond atteint, le Trésor américain ne peut plus emprunter, même à court terme pour des besoins de fonds de roulement et a mis en place une période de suspension d’émission de dette qui durera jusqu’au 5 juin.
Des « mesures exceptionnelles » ont également été mises en place, parmi lequel l’arrêt du versement à plusieurs fonds de retraite et de prestations de santé ou d’invalidité des agents publics, des ajustements techniques qui ne sont pas immédiatement nécessaires au paiement des pensions.
Ces mesures permettent à l’administration américaine de voir venir mais ne peuvent être que temporaires et, si le Congrès ne parvenait pas à se mettre d’accord, les Etats-Unis pourraient se retrouver à terme en situation de défaut de paiement.
Les marchés ont peu réagi à l’annonce jeudi, les indices – orientés à la baisse dès l’ouverture de la séance – perdant respectivement 0,76% pour le Dow Jones et 0,96% pour le Nasdaq à la clôture. Les bons au Trésor à 10 ans, valeur de référence, se tendaient un peu à 3,39% contre 3,36% la veille.