La-Femme (L’IA) – Faut-il se servir d’une IA pour perfectionner les prises de décisions dans les tribunaux. C’est la question que se sont posés des chercheurs de la prestigieuse université d’Harvard dans le cadre d’une nouvelle étude.
Des résultats surprenants
De fait, cette technologie est déjà utilisée par des juges pour prendre certaines décisions. Les scientifiques ont donc souhaité y voir plus clair en comparant les choix de mises en liberté sous caution d’un juge avec les recommandations générées par une IA. L’impact de ces outils sur la décision humaine a également été passé au crible.
Les auteurs ont jeté leur dévolu sur des audiences menées par un juge unique dans le Wisconsin pendant 30 mois de 2017 à 2019. D’après la Gazette d’Harvard, les résultats sont pour le moins surprenants, puisque l’IA a été moins performante que le juge pour prédire les récidives.
De même, il est apparu qu’il n’y avait qu’assez peu de différence entre les prises de décisions assistées par IA et celle où le juge a officié sans utiliser cette technologie. D’ailleurs, ce dernier a refusé les recommandations de l’outil dans 30 % des cas.
Jim Greiner, professeur de droit public à la Harvard Law School, et coauteur de cette recherche, commente ainsi :
Cela m’a surpris. Compte tenu des preuves que nous avons citées, à savoir que les algorithmes peuvent parfois être plus performants que les décisions humaines, il semble que cet algorithme ait été réglé pour être trop sévère. Il prédisait que les personnes arrêtées se comporteraient mal, qu’elles le feraient trop souvent et, par conséquent, il recommandait des mesures trop sévères.
L’IA ne remplacera pas le juge humain
Ce travail n’invalide toutefois pas les recherches précédentes menées dans ce domaine. D’après les scientifiques, il est en effet possible de recalibrer l’algorithme pour le rendre plus précis. Une démarche bien plus facile que de corriger les biais humains qui peuvent nous amener à prendre de mauvaises décisions.
Un des autres avantages des algorithmes en matière judiciaire selon les chercheurs est qu’il est possible de les rendre transparents. En ouvrant l’accès aux codes sources, on peut mieux comprendre ce qui mène à une décision dans un sens ou un autre.
Le débat n’est en tout cas absolument pas tranché, et l’on sait bien que ces systèmes restent très critiqués. Il n’est en tout cas absolument pas question de déléguer des décisions judiciaires à des machines, et la décision finale reste bel et bien celle d’un être humain.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que nous vous parlons de l’utilisation d’une IA dans un tribunal. Une startup a ainsi tenté de déployer cette technologie en lieu et place d’un avocat comme nous vous en parlions ici.