La-Femme (l’Audoise Lou Rigazio) – Résidant à Barcelone où ses parents sont pilotes de lignes, la Carcassonnaise Lou Rigazio vient de décrocher le graal et son premier emploi. Rencontre avec celle qui parlait à l’oreille des chevaux avant de s’envoler vers une autre destinée.
Petite-fille du Carcassonnais Roland Alvaro, que l’on ne présente plus en ville tant il a eu de casquettes, c’est à Carcassonne que Lou Rigazio a vu le jour. Avec des parents pilotes de ligne, elle grandira ensuite à Toulouse, où sa mère travaillait alors chez Airbus.
La petite fille suit alors une scolarité normale, mais c’est plus l’équitation qui l’attire dès son plus jeune âge… À 11 ans, c’est à Barcelone que Lou Rigazio déménagera ensuite avec ses parents. Toujours bonne élève, avec des affinités en mathématiques et en physique, elle se familiarise aussi dans les langues avec l’anglais, l’espagnol et le catalan. Et puis il y a l’équitation, où sa spécialisation dans le dressage la sacre championne de Catalogne en 2016, 2017 et 2018. La jeune fille, loin d’avoir la tête les nuages, accompagne régulièrement ses parents à travers les lignes aériennes qu’ils assurent chacun de leur côté : « Je suis née là-dedans, c’est un style vie qui me plaisait. Je n’ai pas eu cette passion pour l’aéronautique dès le début. Pour moi, c’était normal. Par la suite, c’est plus une passion pour le métier qui m’a attirée. »
Dans le cadre d’études pré-universitaires, c’est après deux années de travail qu’elle obtiendra son baccalauréat international en 2022, plus axé sur les langues. Elle a alors bientôt 18 ans. À partir de là, Lou Rigazio passera les tests d’entrée à la Fly Training Europe (FTE), basé à Jerez en Andalousie. « Il propose une formation intégrée, et après l’école se charge de réduire les délais et de tout prendre en charge. C’est ce qui m’a permis de faire une formation en un an et demi… », souligne Lou Rigazio.
« Durant cette période, j’ai eu une partie théorique avec treize modules traitant des performances de l’avion, des règles de l’air… Ça a été très dense, c’était l’étape la plus dure ! Après, je ne me suis pas posé de question, j’ai foncé. » Et puis, il y a eu la partie pratique avec notamment 160 heures de vol sur des Piper 28, ou encore des Diamond BA42 avec deux moteurs. « Il y avait des alternances entre les vols en solo et accompagnés. Ce sont des moments où il faut être très concentrée et ne pas faire de bêtises. Mais en même temps, c’est une liberté folle quand on a 20 ans ! On s’entraîne également à voler sans moteur. Il y a des mises en situation sur tous les scénarios possibles. J’ai aussi fait beaucoup de simulateurs. C’est comme pour passer le permis de conduire, sauf qu’après ça, je peux être pilote professionnelle. »
C’est aujourd’hui le cas, puisque Lou Rigazio vient de signer un contrat avec une compagnie aérienne espagnole. Elle ne cache d’ailleurs pas que ça a été très dur pour elle de trouver un employeur, mais elle se dit fière d’avoir pu le faire sans l’appui de ses parents. « Mon premier travail, c’est pilote d’avion, et je me le suis trouvé toute seule ! »
Pour en arriver là, l’ancienne championne de dressage confie « avoir pas mal utilisé mes expériences antérieures. Je suis passée d’un cheval de cinq cents kilos à un avion de soixante tonnes… ».
Mardi 28 avril dernier, pour la validation de ses compétences, c’est à l’aéroport de Barcelone que Lou Rigazio a posé son premier airbus A320 : « Mon premier vol avec des passagers aura lieu à la fin du mois de mai 2025. D’ici là, je vais continuer à m’entraîner pour connaître la machine, et savoir comment mon patron veut la faire voler… Je suis sûre de progresser dans la profession, mais il faut aussi être contente de ce que l’on a. Je pense avoir déjà pas mal poussé les limites. »
Avec des parents pilote de ligne et une grand-mère paternelle anciennement championne de planeur, Lou Rigazio suit désormais le chemin qui est le sien.