· Appel à l’intégration de l’éducation sexuelle complète dans les programmes scolaires, lancé à l’initiative de l’institut Arabe des Droits de l’Homme (IADH) et l’Association Tunisienne de la Santé de la Reproduction (ATSR) en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA)
· L’éducation sexuelle complète afin de prévenir les jeunes et les adolescents des comportements à risque et des maladies sexuellement transmissibles
La-Femme (l’éducation sexuelle complète) – Des sociologues, des psychologues, des experts tunisiens et étrangers en santé reproductive et sexuelle, des spécialistes dans le domaine de l’éducation et des droits de l’homme, des syndicalistes et des représentants de la société civile ont appelé mardi à l’intégration de l’éducation sexuelle complète dans les programmes scolaires.
Une conférence nationale a été organisée à Tunis les 04 et 05 juillet 2017, sur l’éducation sexuelle complète en Tunisie, à l’initiative de l’institut Arabe des Droits de l’Homme (IADH) et l’Association Tunisienne de la Santé de la Reproduction (ATSR) en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Les intervenants ont souligné la nécessité d’intégrer l’éducation sexuelle complète dans les programmes éducatifs, afin de prévenir les jeunes et les adolescents des comportements à risque et des maladies sexuellement transmissibles.
Les participants ont estimé que malgré tous les efforts entrepris dans ce domaine, les approches adoptées demeurent inefficaces et le sujet demeure tabou dans plusieurs milieux.
“Le renforcement de l’éducation sexuelle complète des jeunes et des adolescents est pourtant une source de prospérité pour l’individu et un moyen de consacrer son droit à une santé meilleure et une vie saine”, a souligné Rym Fayala, représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) à Tunis.
Pour Abdelbasset Belhassen, directeur de l’Institut Arabe des Droits de l’Homme (IADH), l’éducation sexuelle complète est aujourd’hui primordiale vu qu’elle consacre la liberté et la dignité du corps humain qui est un droit humain important.
De son côté, Noureddine Chemingui, représentant de l’UGTT et membre du comité national de réforme du secteur de l’éducation a souligné que l’organisation syndicale fera de son mieux pour renforcer l’éducation sexuelle complète et ce, dans le cadre d’un système éducatif moderne et civil basé sur des approches éducatives modernes.
D’après le sociologue Senim Ben Abdallah, l’éducation sexuelle complète est définie comme étant l’approche qui reconnaît et accepte toutes les personnes comme des êtres sexuels. “Les actions menées dans le cadre de cette approche couvrent un large éventail de questions relatives aux aspects physiques, biologiques, affectifs et sociaux de la sexualité et doivent être adaptées en fonction de l’âge et du stade de développement du groupe ciblé “, a-t-il ajouté.
La conférence a été une occasion pour présenter les recommandations d’une étude comparée sur les programmes de l’éducation sexuelle complète dans le monde et en Tunisie réalisée en 2017.
Ces recommandations concernent plusieurs volets. Dans le domaine juridique, l’étude recommande essentiellement la révision des textes de loi non respectueux des droits sexuels et reproductifs.
Dans le domaine familial, l’étude recommande la promotion de la culture du dialogue au sein de la famille et le renforcement de la capacité des parents en matière d’éducation sexuelle complète.
En matière de formation scolaire et professionnelle, l’accent est mis sur la nécessité d’améliorer la relation entre les élèves et le cadre éducatif, de créer des clubs ayant trait à l’éducation sexuelle complète dans les établissements scolaires et d’intégrer les compétences de vie dans les programmes d’enseignement.
Il s’agit également de lutter contre la violence en milieu scolaire, de poursuivre l’intégration des questions relatives à l’éducation sexuelle complète dans les programmes d’enseignement dans les différents niveaux. Il est nécessaire aussi de tenir compte des étapes de l’évolution des apprenants, de renforcer le partenariat entre la famille et l’établissement scolaire, de s’intéresser davantage à la santé mentale des élèves, de sensibiliser les éducateurs à l’importance du dialogue et du respect du droit des élèves dans la participation à la prise de décision et de former le corps éducatif dans le domaine de l’éducation sexuelle complète.
Dans le domaine de la santé, l’étude recommande l’amélioration de la qualité des services de santé scolaire, la création d’un numéro vert pour l’écoute des adolescents et des jeunes, le développement des programmes de sensibilisation pour la prévention des comportements à risque et la promotion du test de dépistage du VIH anonyme et gratuit.
Selon la même source, il convient aussi d’impliquer les enfants, les adolescents et les jeunes dans la production médiatique, de promouvoir le traitement médiatique neutre des droits sexuels et reproductifs, de réaliser des campagnes de communication visant la promotion de l’éducation sexuelle complète.
A noter que de nombreuses études sur la santé reproductive montrent que l’initiation à la vie sexuelle devient de plus en plus précoce chez les jeunes tunisiens. Une enquête menée en 2009 à l’Office National de la Famille et de la Population (ONFP) a révélé que l’âge moyen pour le premier rapport sexuel est actuellement de 16,4 ans pour les filles et 17,4 ans pour les garçons, 13,5% des filles et 52,5% des garçons du groupe d’âge 15-24 avaient déjà eu des rapports sexuels. Pourtant, près de 60% de tous les jeunes sexuellement actifs n’ont pas utilisé de méthodes de protection et seulement 19,1% des femmes âgées entre 15 et 24 ans ont une connaissance approfondie en santé sexuelle reproductive et du VIH.
Mardi, l’association tunisienne de prévention positive (ATP+) a lancé un cri d’alarme à travers un communiqué pour mettre en garde contre « des échecs du traitement antirétroviral liés au développement de mutations de résistance et une détérioration de l’état de santé des personnes vivant avec le VIH (…) ».
Selon Souhaila Bensaid, de l’ATP+, une nouvelle population à risque que sont les mineurs émerge : « le problème avec ces derniers est qu’ils leur faut l’autorisation des parents pour se faire dépister. Or ce n’est pas évident pour grand nombre d’entre eux, face aux tabous qui entourent la sexualité », a-t-elle alerté.