Ėpine calcanéenne : définition
L’épine calcanéenne correspond à un épaississement de l’aponévrose plantaire, cette membrane fibreuse relativement rigide située sous la peau du pied, qui s’insère sous la surface du calcanéum (l’os du talon) et s’attache aux orteils. C’est elle qui soutient l’ensemble du pied et transmet la force nécessaire à la propulsion du pied de l’arrière vers l’avant lors de la marche. Sa longueur détermine la courbure du pied : plus elle est courte, plus le pied est creux, plus elle est longue, plus il est plat.
Lors de la pratique d’un sport, particulièrement s’il mêle sauts et courses, l’aponévrose plantaire est en permanence en tension, ce qui a pour effet de tirer sur le calcanéum. A la longue, s’ensuit une inflammation puis une calcification de cette membrane, qui forme une excroissance au niveau de son insertion sur le talon. C’est ce qu’on appelle l’épine calcanéenne. Il ne s’agit donc pas d’une pathologie à proprement parler, mais du stigmate d’un trouble de l’appui qui peut avoir diverses causes.
L’épine calcanéenne : quelles sont les causes ?
L’hyper-sollicitation du talon est à l’origine de l’inflammation de l’aponévrose plantaire, qui provoque la formation de l’épine calcanéenne. Les sportifs, particulièrement les basketteurs et les sprinters, et plus globalement tous ceux dont le sport sollicite l’articulation du pied, sont souvent touchés. Un mauvais chaussage est également fréquemment en cause, indique le Dr Murgues, médecin généraliste et sportif. « On a assisté à beaucoup d’épidémies d’épines calcanéennes quand des partenariats avec des équipementiers sportifs ont imposé les mêmes chaussures à toute une équipe ! ». Seuls 40 % de la population ont un pied « normal », ni trop plat, ni trop creux, ni trop en dedans (pronateur), ni trop en dehors (supinateur)… susceptible d’être bien dans des chaussures standards. Les 60 % restants doivent donc trouver chaussure à leur pied ! Le phénomène existe aussi en dehors des terrains de sport, chez des gens dont le choix des chaussures est davantage guidé par la mode que par le confort : talons trop fins, trop hauts, chaussures inadaptées…
Diagnostic de l’épine calcanéenne
Au cours de sa formation, pendant la phase inflammatoire, l’épine calcanéenne se manifeste essentiellement par une douleur vive au talon, comme si l’on marchait sur un clou : « Dès que les patients posent le pied par terre, ils ont l’impression de ne pas pouvoir marcher. C’est particulièrement vrai au réveil, puis, après quelques pas, la douleur s’atténue », précise le Dr Murgues. Les patients présentent aussi souvent une raideur de l’ensemble mollet-tendon d’Achille-aponévrose.
Le diagnostic repose sur l’imagerie : si la radiographie permet de visualiser l’épine, c’est l’échographie qui montre son origine et permet de la localiser de manière précise, explique le spécialiste. Cela peut aller d’un simple épaississement de l’aponévrose, à des microlésions de celle-ci voire à une rupture totale.
Le traitement de l’épine calcanéenne
La prise en charge de l’épine calcanéenne consiste avant tout à soulager le patient. Pour autant, la douleur justifie rarement la prise d’antalgiques et d’anti-inflammatoires, et encore moins d’infiltrations, affirme le Dr Murgues, qui leur préfère des étirements de l’ensemble mollet-tendon d’Achille-aponévrose. « Le patient peut, dans son lit, avant de mettre un pied à terre, prendre une serviette et s’en servir pour tirer sur son pied, jambe tendue, orteils en flexion ». Il peut aussi pratiquer un automassage de sa voûte plantaire à l’aide d’une balle de tennis. « Cela va favoriser la circulation du sang au niveau de l’aponévrose et accélérer le processus de cicatrisation ». Autre possibilité : poser les deux pieds sur le bord d’une marche d’escalier, un des deux talons dans le vide, et étirer la jambe tendue en direction de la marche inférieure.
Pour les patients qui veulent néanmoins une prise en charge médicamenteuse, le médecin propose un traitement homéopathique à base de Ruta5CH, à raison de 5 granules 3 fois par jour pendant 4 à 6 semaines.
En cas de surcharge pondérale, une perte de poids est indispensable.
Un bilan podologique est également requis pour analyser la statique. La plupart du temps, une semelle orthopédique est proposée pour corriger le problème d’appui et soulager le pied affaissé. En cas de pied creux, une talonnette surélevant le pied suffit généralement à soulager la douleur.
Si cette prise en charge s’avère insuffisante, des séances de kinésithérapie peuvent être envisagées. Le praticien recourt alors aux ondes de choc pour traiter l’épine calcanéenne. Quand les lésions sont importantes et qu’il existe une déchirure de l’aponévrose, le kinésithérapeute suit un protocole de rééducation (protocole de Stanish) qui consiste en un travail excentrique du tendon et de l’aponévrose, avec des charges de plus en plus lourdes au fur et à mesure des séances.
A noter que l’intervention chirurgicale est rarement indiquée, sauf en cas d’échec des traitements conservateurs et en cas de douleurs importantes.
Des compresses de vinaigre
À l’endroit de la douleur, placez, pendant deux heures par jour, une compresse de vinaigre de vin ou de cidre ou bien posez le talon sur une compresse humectée de vinaigre. Attention, l’acide acétique du vinaigre peut attaquer la peau en cas d’excès. Massez votre pied avec une crème grasse entre deux « traitements » acides.
ou de silicium organique
Faites une compresse bien imbibée de silicium organique et entourez de film alimentaire. Gardez la compresse toute la nuit. Recommencez plusieurs jours de suite au besoin.
Plus compliqué, mais qui mérite d’être essayé quand les petites semelles rembourrées que le médecin vous a conseillées ne font pas effet, le froid ou la chaleur humide.
Le froid
Achetez une enveloppe remplie de silicone dans un magasin de sport, de celles que l’on peut utiliser pour pratiquer les bains dérivatifs. On les emploie aussi pour les douleurs. Mettez cette enveloppe au congélateur et, quand elle est gelée, posez votre pied dessus aussi longtemps que vous le supportez. Recommencez deux ou trois fois par jour, pendant un mois.
La chaleur humide
Faites chauffer une grande brique réfractaire (ou deux petites) sur le gaz. Une fois chaude, placez-la sur un dessous-de-plat résistant et couvrez-la d’une grosse épaisseur de serviette éponge très humide. Posez dessus vos deux pieds en les maintenant le plus possible sur la brique, pour dégager de la vapeur d’eau. Restez jusqu’au refroidissement de la brique. À faire matin et soir pendant deux ou trois mois pour un soulagement durable.