La-Femme ( Point de départ ) – Une ambiancepesante. Une lumière presque sombre à la limite de l’ombre chinoise avec des comédiens à peine visibles. Des couleurs monochromes. De la cacophonie. Une gestuelle imprécise. On est au cœur d’un univers d’abstraction où le sens est imperceptible avec des bribes de phrases impossibles à saisir mais qui finiront par se ramasser pour donner du sens à ce début de pièce à la dramaturgie bien ficelée. « Point de départ » de WahidAjmien première au théâtre des régions vendredi 21 septembre 2018 en ouverture de la nouvelle saison du Pôle théâtre et arts scéniques de la Cité de la culture a drainé la grande foule qui a squatté la salle très tôt avant la levée du rideau. Et pour cause : WahidAjmi a réussi à proposer une œuvre tirée du réel tunisien et dont l’histoire déroule des évènements douloureux qui prennent racine en 2008 avec les évènements du bassin minier de Gafsa pour se poursuivre jusqu’en 2016 offrant à voir l’autopsie d’une société en mal de repères et sujette aux délires les plus fous.
Interprétée par LobnaNooman, NahlaZid, Ridha Jaballah et Khaled Ferjani avec une scénographie d’AchrafMasaoudi, une composition musicale de WaelAjmi, une création sonore de HeniMaatar, des costumes de Nabila Cherif, des accessoires de LyamnaBarhoumi et un maquillage de GhassenDouissa, « Point de départ » dresse le portrait de la Tunisie de l’après révolution en évoquant l’arrivisme des uns et les rêves brisés des autres sur un fond de critique sociale où la comédie le dispute à la satire.
Cette œuvre dissèque la mémoire collective à la recherche d’une vérité qui reste toujours incertaine. Quatre acteurs et actrices et neuf personnages dont deux absents par le corps mais combien même présents à travers le récit ou l’évocation de leur vie partie à la dérive. «Point de départ» est une création aux accents de liberté entre ironie, révolte et amour. C’est une aventure hautement risquée à travers le labyrinthe de la mémoire et une lecture dans le palimpseste de notre psyché souvent confus par les multitudes des strates.