Covid-19 oblige, Honda demande à ses employés de bureau de renforcer les équipes d’ouvriers sur les chaînes de production

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La-Femme (Honda) – L’industrie est toujours grièvement touchée par la pandémie de Covid-19 et les constructeurs n’y échappent pas. Aux Etats-Unis, Honda a même demandé à certains de ses employés de lâcher leurs ordinateurs pour donner un coup de main sur les chaînes de production.

La grande dualité historique entre cols blancs et cols bleus vient de prendre du plomb dans l’aile. Le média américain WOSU public media rapporte en effet, e-mail à l’appui, que des dirigeants de Honda ont demandé à des employés de bureau de venir renforcer les équipes d’ouvriers sur les chaînes de production de l’usine de Marysville, dans l’Ohio. En raison de la pandémie de Covid-19 qui sévit toujours durement aux Etats-Unis, les équipes se sont retrouvées réduites au point que le directoire s’inquiète pour la cadence de production.

D’après le mail, Honda demanderait de l’aide de la part « du service achat, de la compatibilité, du contrôle qualité et bien d’autres encore », afin de « fournir un renfort sur la chaîne de production ». Basé sur le volontariat dans un premier temps, un employé interrogé sous couvert d’anonymat par WOSU public media assure pourtant que les dirigeants ont rapidement rendu la chose obligatoire. Plus intriguant, il déplore également que les employés de bureau ne seraient pas formés avant d’arriver à l’usine.

Distanciation sociale compliquée

Autre problème que pose cette réorganisation interne d’urgence, les mesures de protection seraient difficiles à respecter. Ceux qui faisaient jusqu’alors du télétravail, et qui étaient donc relativement protégés, se retrouvent à travailler en équipe avec une promiscuité difficile à éviter sur la chaîne de production. Même si Honda assure que toutes les mesures sont prises pour éviter la propagation du virus (température des employés contrôlée quotidiennement, port du masque etc.), les risques sont tout de même bien présents.

Un représentant de United Auto Workers, un grand syndicat de travailleurs du milieu automobile, déclare pour sa part qu’une telle situation ne ce serait jamais produite dans une usine syndiquée. Selon lui, « il y a d’abord de nombreux travailleurs non-salariés disponibles » qui auraient pu être mis à contribution. Il ajoute également que venir travailler sur les chaînes de production requiert « de savoir ce que l’on fait. Il est impératif d’être formé sur les spécificités de la chaîne en termes de sécurité », ce qui fait défaut aux employés de bureau.

Honda se justifie en disant que l’aide temporaire du gouvernement américain accordée aux chômeurs depuis le début de la crise, 600 dollars par semaine, n’incite pas les travailleurs non-salariés à revenir travailler. La solution temporaire trouvée par Honda restera en tout cas exceptionnelle, bien que la marque affirme y avoir déjà eu recours par le passé.