La-Femme (les insomnies sont-elles plus dangereuses) – En réalité, insomnies ou sommeil perturbé peuvent avoir des conséquences beaucoup plus graves qu’on ne l’imagine.
Nous savons tous à quel point le sommeil est important. Fondamental pour la santé, tant d’un point de vue biologique que physiologique, il permet au corps de récupérer, au système immunitaire de bien jouer son rôle et au cerveau d’assurer ses fonctions cognitives. Pourtant, nous sommes nombreux à souffrir d’insomnies ; selon le Vidal : « Un Français sur trois déclare souffrir d’insomnie », et 20 % d’insomnie chronique, c’est-à-dire « au moins trois nuits par semaine pendant au moins trois mois ». On perçoit souvent l’insomnie comme une simple nuisance nocturne, même si très désagréable.
Toutefois, une nouvelle recherche parue le 29 mai dans le Journal of Clinical Psychiatry prouve que les périodes de manque de sommeil et de veille nocturnes peuvent être particulièrement néfastes. Celles-ci augmenteraient les risques de suicide et d’homicide.
L’éveil nocturne et les comportements à risque
Près de 19 % des suicides et 36 % des homicides surviennent la nuit. Ce sont les conclusions tirées par cette équipe de chercheurs de l’Université de l’Arizona qui ont analysé des données sur une période de 15 années. Ils ont découvert que le risque de suicide est quintuplé et celui d’homicide est octuplé entre 2 heures et 3 heures du matin.
Durant ces heures, l’humeur négative atteint son paroxysme, l’humeur positive est à son niveau le plus bas. La manière dont nous évaluons les risques et les récompenses est altérée, ce qui peut nous mener à des décisions imprudentes ou impulsives.
Les facteurs aggravants
Les données révèlent que le risque accru de comportements violents la nuit est particulièrement prononcé chez les adolescents et les jeunes adultes, les personnes intoxiquées alcoolisées et celles aux prises avec des conflits de couple en cours. Les 15-24 ans présentent un risque de suicide nocturne trois fois plus élevé que la moyenne.
Autre fait assez surprenant : il existe également un risque de suicide accru chez les adultes plus âgés vers 6 heures du matin. En revanche, le risque d’homicide ne varie pas selon l’âge, bien que les jeunes adultes représentent plus de la moitié des victimes d’homicide.
Michael Grandner, co-auteur principal de l’étude, explique : « Le fait que ces schémas de risque nocturnes s’appliquent à la fois au suicide et à l’homicide est assez frappant ». Ces dangers liés aux insomnies étaient jusqu’alors largement sous-estimés.
Prévenir pour mieux guérir
Pour Tubbs, mener de futures recherches approfondies pour mieux comprendre les mécanismes cérébraux complexes qui prédisposent certains individus à ces risques est très important. Tout comme d’autres, pour évaluer l’efficacité des interventions visant à améliorer le sommeil. « Peu d’études ont examiné les tendances temporelles dans les crimes violents », note judicieusement Tubbs.
L’amélioration des conditions de sommeil pourrait potentiellement réduire les incidents de violence nocturne, une perspective encourageante. On pourrait également imaginer la mise en place de campagnes de sensibilisation ciblées, mettant en avant les dangers inhérents à l’insomnie.
Voici une étude supplémentaire prouvant qu’un bon sommeil n’est pas à négliger. Certes, le contexte de l’étude (États-Unis) est particulier ; le taux d’homicides en 2022 était de 5,3 pour 100 000 habitants contre 1,2 pour 100 000 en France. On saisit donc mieux pourquoi les recherches en psychiatrie sont plus importantes sur cette thématique. Comprendre tous les facteurs de risques revêt donc une toute autre importance que par chez nous. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer l’importance d’un bon sommeil et ses impacts potentiellement graves sur la santé mentale et la sécurité, ce, quel que soit le contexte géographique.
- Les insomnies et les états de veille nocturne augmentent les comportements à risque : homicide et suicide.
- Des facteurs aggravants existent en parallèle : âge, consommation d’alcool ou situations conflictuelles.
- Des recherches ultérieures seraient nécessaires pour comprendre la prédisposition de certaines personnes à être exposées à ces risques.