L’Arabie saoudite, nouvel eldorado pour les techniciens du cinéma tunisien

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La-Femme (techniciens du cinéma tunisien) – Face à l’essor de l’audiovisuel en Arabie Saoudite, de plus en plus de Tunisiens font le voyage pour y travailler sur des tournages. Une main d’œuvre qualifiée, de plus en plus recherchée, qui ne souhaite pas forcément quitter le pays pour migrer vers ce nouvel eldorado, mais plutôt garder un pied entre les deux.

« L’idée n’est pas du tout de s’installer en Arabie Saoudite mais plus d’y aller sur des missions courtes ou des tournages, et de revenir ensuite à Tunis. Je ne peux pas quitter trop longtemps la Tunisie. Et les week-ends dans les centres commerciaux, ce n’est pas trop mon truc », plaisante Omar Ben Abderrazak, chef électro de 32 ans, connu dans son pays pour avoir travaillé sur des séries du ramadan.

À rebours de l’actualité et des départs vers l’Europe de milliers de Tunisiens rêvant d’un meilleur avenir économique, Omar représente une niche : celle des techniciens de l’audiovisuel qui tentent de rester au pays, tout en travaillant partiellement ailleurs. Depuis quatre ans, il alterne entre les tournages en Tunisie et l’Arabie Saoudite, le pays s’étant ouvert à l’industrie depuis l’impulsion donnée par Mohamed Ben Salmane avec Vision 2030, un ambitieux plan de modernisation du pays. Fermées pendant 35 ans, les salles obscures ont rouvert en 2018 et se multiplient depuis. Une trentaine ont ouvert leurs portes en 2020 et 350 devraient être créées d’ici à 2030.

La Commission saoudienne du film, une branche du ministère de la Culture créée en 2020, offre des réductions fiscales pour les productions tournées dans le pays : les frais de production sont remboursés à hauteur de 40 % si le tournage est effectué sur place. Pour les techniciens tunisiens, ces nouvelles opportunités de travail sont arrivées à point nommé : la pandémie a paralysé une partie du secteur en Tunisie. Le statut de technicien de l’audiovisuel y étant par ailleurs très précaire, beaucoup n’ont aucun filet de sécurité pour rebondir face aux difficultés économiques.

Les techniciens tunisiens reconnus pour la qualité de leur formation

Cette migration d’un nouveau genre, temporaire et très qualifiée, n’est pas nouvelle dans le monde de l’audiovisuel. « Le pays a toujours été un vivier pour les pays arabes qui y ont recruté des techniciens en raison de la qualité de leur formation, car les professeurs des écoles du cinéma sont eux-mêmes issus du secteur et ont eu beaucoup d’expérience à l’étranger. Les Tunisiens ont travaillé pendant un temps sur les tournages en Syrie et au Liban, puis au Qatar avec l’arrivée des chaînes satellitaires, en Algérie dans les années 2000 et enfin en Arabie Saoudite », explique Hisham Ben Khamsa, organisateur de festivals de cinéma en Tunisie. Pour Aymen Toumi, ingénieur du son, les tournages à Dubaï et son golden visa l’ont sauvé après les mauvaises années du Covid et, comme Omar, il a ensuite prospecté vers l’Arabie Saoudite.